HRPG : J'ai pris la liberté de choisir ce lieu qui est en fait un "centre funéraire" et je me suis dit que ton père pouvait travailler là. Si tu préfères qu'on change de lieu, tu me dis et je déplacerai

Je ne me rappelle plus vraiment de la façon dont j'ai connu Victoria. En fait, je me rappelle surtout du métier qu'elle exerce malgré son jeune âge et la folie qui m'avait habité lorsque je l'avais su. Croquemort de métier, son père était âgé et usé par le temps. Victoria, en bonne fille aimante, avait alors pris le relais et l'aidait dans les tâches funéraires. Ce n'était pas réellement très gai comme métier, encore plus pour une femme et une femme jeune. C'était peut être pour cette raison que je n'avais su dès le départ qu'elle exerçait le métier de croquemort. Toutefois, l'idée d'approcher des cadavres était fascinante. Certes, il est répugnant de penser toucher un cadavre, mais c'était une des limites que la population ordinaire ne franchissait jamais. C'était une aventure, une expérience, qui m'attirait inébranlablement. Je n'avais d'autre moyen que de céder à cette tentation. De plus, c'était une histoire fabuleuse que j'aurai pas la suite à conter à mes amis, qui seraient sans aucun doute admiratifs de l'exploit. Une limite de plus de franchie, une histoire à écrire dans notre carnet d'aventures. Nous avions pour projet de vivre le plus d'aventures inédites possibles. De vivre des choses que les autres n'osent pas. Nous, ce que l'on souhaite par dessus tout, c'est de profiter de la vie et de nous amuser. Et raconter nos aventures en faisait parti. Plus tard, nous espérons que ce carnet sera lu par des générations futures qui continueront sur notre lancée. C'était là notre but ultime.
C'est ainsi que je m'étais retrouvée à demander sans aucune gêne la permission de venir voir l'atelier dans lequel Victoria travaillait et d'observer quelques cadavres. Oh, j'avais certes de la peine pour la mort de ces pauvres gens mais leur âme était certainement déjà en paix. Leur corps n'était plus que quelque chose de matériel. Je comptais seulement les regarder, et ne faire de bruit ou de mal à quiconque. La jeune femme avait certainement dû me prendre pour une folle sortant de l'hôpital public de la ville de Wick. Pourtant non, je n'étais pas folle et j'étais bien consciente de ce que je voulais faire. Toutefois, même perplexe, Victoria accepta. J'étais même prête à la payer pour le dérangement s'il le fallait. Ce n'était pas un problème, l'argent.
C'est ainsi qu'en ce beau jour où le printemps commençait à pointer le bout de son nez, je partis de chez moi tôt le matin, dans la fraicheur. Je me rendis toute guillerette jusqu'à l'institut et je frappai deux coups à la porte. J'avais rendez-vous à cette heure là et je n'étais pas en avance. Mais pas en retard non plus. Pile à l'heure. Maintenant, il n'y avait plus que Victoria pour ouvrir la porte et me prier d'entrer. J'espérais qu'elle soit elle aussi à l'heure. Je n'avais pas envie d'attraper une quelconque maladie en restant trop longtemps dehors avec la brise matinale qui traversait les couches de vêtements. En vérité, j'avais une robe légère qui ne tenait guère chaud et un châle autour du coup. Je n'étais peut-être pas frileuse mais ce n'était pas pour autant que je comptais rester au lit les jours suivants.Aussi, j'attendais plutôt impatiemment l'ouverture de la porte.